15/12/2010
A quoi vous fait penser le mot kitsch ?
On m’a posé cette question lors d’une khôlle de culture générale lorsque j’étais en Math Sup, au grand étonnement de la khôlleuse, j’ai réussi à lui construire une réponse cohérente et fournissant de l’information tout en noyant le poisson. A l’issu elle m’a félicité, remercié avec un beau 17/20 et avoué que c’est rare de trouver un scientifique qui sache parler et discuter de sujets non scientifiques. Ce malheureux constat, je l’ai vérifié tout au long de mes études supérieures. Les élèves de CPGE ou école d’ingénieurs sont, certes bons, très bons voir brillants, lorsqu’il s’agit de résoudre une équation mais en dehors, ça laisse souvent à désirer.
Pendant des années, ils m’ont prouvé que les seules choses qui leur intéressaient étaient les filles, l’alcool, le foot et montrer qu’ils avaient une plus grosse en trouvant une solution aux équations plus vite que toi. Puis, lorsqu’ils ont grandi et obtenu un emploi, cela n’a pas changé, ils ont juste rajouté la surconsommation d’objets futiles à la liste. En fait, je ne les aime pas car je ne partage avec eux aucun point commun (si peut être, certains d’entre eux aiment le rugby et moi j’adores les rugbymen des calendriers ;-)
En dépit d’être parti du même endroit qu’eux, d’avoir parcouru le même chemin, d’avoir vécu dans le même monde, d’avoir été soumis au même contexte, pourquoi mon chemin et celui des autres ont divergé ?
Personnellement, je ne crois pas être né sous une bonne étoile, ni que cela soit dû à ma sensibilité envers les charmes de beaux hommes. Peut-être, je me suis toujours trompé en pensant que j’ai suivi le même chemin que mes collègues, j’ai du suivre un route parallèle presque dans une autre dimension. Lorsque les autres enfants allaient avec leur parents voir un match, on m’amenait au musée, quand je voulais un certain jouet, au lieu de l’avoir tout de suite, mon père m’aidait à économiser pour me le procurer, je lisait tout ce qui me passait sous le nez et je ne regardais pas tout ce qui passait à la télé. Ce sont ces petites différences qui ont construit mon socle différent de celui des autres et ont fait diverger mon chemin. Ce dernier croisse fort heureusement d’autres routes, chemins ruraux, sentiers plus mois empruntés qui mènent à des rencontres qui construisent la vie, il me permet aussi de surmonter l’autoroute que tout le monde veut suivre et de jeter un coup d’œil critique de temps à autre.
15:31 Publié dans Anecdote, Idées | Commentaires (4)
14/12/2010
Un non problème
Comme tout représentant de l’invisible communauté des homosexuels, je dois me confronter à cet éternel coming out, il faut le dire nous, les homos, effectuons un coming out au moins à chaque fois qu’on désire que les gens nous connaissent vraiment. Ma stratégie est celle du non-problème, en général j’essaie de le faire comme toute autre information non sensible, du genre j’aime le massepain ou j’aime pas les chiens. Voici un petit récapitulatif de mes coming out.
- Au lycée avec ma meilleure amie : Elle : T’aime bien ce garçon au cheveux longs, n’est-ce pas ? Moi : Oui, je le trouve beau, tout comme toi tu trouves belles la prof de bio.
- En classe prépa : En jouant avec un ami aux devinettes, Lui : T’as fait quoi hier ? Moi : Je suis allé à une association où il faut être heureux pour y aller, Lui : Ca y est! une asso’ gay! (au bout de 30 minutes de questions pour deviner)
- En école d’ingé : On offrait des polos avec le logo de l’école, quelqu’un dit à l’assemblé : « avec ce polo, c’est simple de draguer, tu as déjà l’étiquette qui fait tomber toutes les nanas », il se retourne vers moi et me dit « ou les mecs, c’est pareil, ils tombent aussi »
- Au boulot : Lui : elle est belle cette blonde, Moi : Peut être, Lui : T’aime pas les blondes ? Moi : Non, Lui : les brunes ? Les rousses ? Moi : Ni l’une ni l’autre, Lui (d’une voix hésitante) Les blonds, Moi : Bingo !
- Ma mère : à son arrivée à l’appartement que je partage avec chéri, lorsqu’elle a vu qu’il n’y avait qu’un lit et le calendrier des Dieux du Stade accroché au mur. Elle a rien dit, mais nous savons qu’elle a tout compris.
12:47 Publié dans Anecdote, Gay | Commentaires (2)
13/12/2010
L’anneau du Nibelung, 1ère journée, La Walkyrie, 2/4
Vite ! La scène prend feu! J’ai peur ! La séance n’aura pas lieu ! Remboursement ! Dès mon entrée dans la sale un petit foyer brûlait entre l’orchestre et le rideau, les pompiers n’arriveront pas, le feu fait partie de la décoration, de même que l’eau qui a coulé pour emmener le printemps avec ses amours incestueuses et ses pommes de vie. Tout le monde attend, la début de l’acte III pour entendre « la » chevauché, les néophytes le confondent avec le début du deuxième acte, mein Gott ! Dans cette mise en scène pendant que l’orchestre joue seule, une explication sur la nature du travail des Walkyries est projeté, dès que le chœur débute, c’est beaucoup moins classique, les corps des héros morts au combat gisent nus et ensanglantés sur la scène, leur âmes sont ressuscitées à tour de rôle par l’une au l’autre de ces guerrières germaniques habillés en infirmières à talons et conduits au Walhalla où quelqu’un devra les habiller sinon, ils prendront froid. Après avoir satisfait les oreilles et m’être rincé les yeux, j’ai patienté, non seulement l’immolation par le feu de l’enfant Brünnhilde qui perd le sommeil. J’ai attendu les deux moments les plus magiques de cet opéra, Sieglinde ne demande qu’à mourir, son morale est aux antipodes des aigus des Waltraute, jusqu’au moment où sa demi-sœur Brünnhilde lui annonce qu’elle est enceinte de leur frère. A ce moment, elle est saisie d’un violent effroi, son visage rayonne d’une joie sublime, l’adrénaline et l’amour pour son enfant, la poussent à demander aux Walkyries de l’aider, d’aider la mère, Rette mich, Maid! Rette die Mutter! Sa voix et la musique me transportent exactement au moment où son corps se remplie désespérément de l’envie de vivre. 50 lignes de dialogues plus loin, le sort de cette mère est sauvé –celui des dieux est donc compromis-, elle doit remercier sa protectrice, dans une vague de joie portée par la musique, comme celle qu’on n’a pas entendu depuis 4h30, un O hehrstes Wunder’ Herrliche Maid ! me noie et m’emporte dans son allégresse. L’appréhension que j’éprouvais avant en me disant « va-t-elle réussir à me transmettre la joie » s’estompe, elle l’a fait, je suis aux anges, tout s’est bien passé, je peux partir 50 minutes plus tard.
La suite, c'est pas tout de suite
12:11 Publié dans Anecdote, Opéra | Commentaires (0)
L’anneau du Nibelung, Prélude, L’or du Rhin, 1/4
Après une heure quarante minutes où les péripatéticiennes hambourgeoises ouvrent le chemin des dieux Muclors menacées par une fronde de géants maçons syndiqués kidnappeurs qui les pousse à se promener au fin fond d’une grotte mystérieuse à la recherche de deux objets avec des super-pouvoirs. On entend une voix peu commune (une contralto, c’est étonnant au milieu de toute les autres sopranos de la tétralogie), au début, on ne sait pas d’où elle vient, mais elle envahit le théâtre, le silence déjà religieux s’intensifie pour écouter et sentir le passage de la sagesse, cette voix qui prédit la fin des dieux et les conjure de bien agir enchante, envoûte, enivre jusqu’à sa disparition, sa performance couvre l’orchestre ou du moins oblige le cerveau à filtrer la musique pour ne discerner que la voix. En dépit d’avoir traversé le plateau sur toute sa longueur, elle était ailleurs dans ce monde de prémonitions au dessus de tout le monde, même du Dieu des Dieux.
Peu de temps s’écoule, le rideau se ferme en cachant une échelle de Jacob décorée d’une cinquantaine d’hommes vêtus de caleçons et marcels blancs. Les applaudissements se font ressentir dans cette nuit de la première. Erda, le spectre passant, en a reçu plus que tous les autres, surtout plus que le metteur en scène qui a accueilli quelques huées habituelles du publique de Bastille.
La suite, c'est tout de suite
12:00 Publié dans Anecdote, Opéra | Commentaires (0)
10/12/2010
Neige, souvenirs et bleus
Là où j’ai grandi, la neige est un évènement très rare, elle est tombée sur la ville 2 fois dans les derniers 450 années, pourtant on peut la voir presque tous les jours sur les sommets des volcans qui ceinturent la ville. Il m’a fallu atteindre l’hiver 2003 pour pouvoir me confronter à la vraie neige dans le massif de la Chartreuse. Un samedi après midi, un gars qui était avec moi en classe prépa m’a proposé de m’y amener pour non seulement la voir sinon la sentir, s’y imprégner, la manger –par inadvertance-, c’était beau, je m’attendais mieux. Mon plus beau souvenir de neige, se trouve quelque temps plus tard, on était allé au théâtre voir une pièce, je crois de Margueritte Duras, elle n’a pas heureusement duré long temps –car on s’ennuyait ferme- peut être une heure trente. Pendant ce lapse de temps la ville s’est couverte de 40 cm de neige, ce que je n’avais jamais vu ! Quelle fut ma surprise, j’étais sur nuage de neige poudreuse fraîchement tombée, j’ai rallongé le plus possible mon trajet de retour pour déposer mon empreinte et apprécier la neige se compacter sous mon poids. Hier, après la pagaille les 7cm de neige qui ont battu la capitale, une plaque de verglas déposée sous mes pieds m’a obligé à la réchauffer en m’asseyant sur elle en moins d’une seconde.
12:05 Publié dans Anecdote | Commentaires (0)