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10/10/2012

Kiwi

Je laissais la civilisation guindé se posant des questions métaphysiques pour parcourir les 2,5 km me séparant de ma prochaine destination, le trajet ne fut rude ni ardu, on aurait dit qu'il avait été aménagé exprès au milieu de cette nature par des êtres bienveillants, il était même possible de le déguster lentement pour admirer ses beautés. Mon arrivée à la clairière a eu lieu plus tôt que prévu, j'allais donc pouvoir observer attentivement la faune locale et par la même occasion affiner ma connaissance de leur us et coutumes avant de m'attarder sur le phénomène qui m'y amena.

L'endroit était rempli d'individus de la même espèce voire du même genre, attirés certainement par une sorte de force à distance qui les oblige à s'agglomérer tel des abeilles sur du caramel. Un œil averti distingue quelques sous ensembles bien distincts, souvent disjoints dans cette effervescence. D'abord, cette sous famille effacée et difficile à remarquer tant ses individus se cachent des autres, ils aiment la compagnie que le troupeau autour d'eux leur procure mais n'osent pas vraiment s'y mêler, on a l'impression qu'il ne se sentent pas à leur place mais qu'ils y sont pour une raison qu'ils n'admettent pas. De l'autre côté de l'échelle, il y a ceux au comportement exactement opposé, des spécimens qui n'ont pas peur de se faire remarquer, on pourrait même penser qu'ils veulent attirer les prédateurs mais leur excentricité est leur arme défensive, ils sont si visibles que personne ne le voit, si peu ordinaires que tout le monde les fuit. Cette série d'observations passives peut engendrer une prise de risque assez élevée, lorsqu'on s'attarde sur un élément du troisième groupe : les prédateurs. Cette sous-espèce n'a peur de rien et est plus bête que méchante, chaque individu repère une potentielle proie et fonce sur elle, peu importe les conséquences. Il s'approche à l'insu de la victime, la met mal à l'aise pour que cette dernière cède à la pression, même si ce n'était pas ce qu'elle souhaitait. Heureusement, assez souvent il est simple de se débarrasser d'eux en exprimant son mécontentement de façon plus ou moins évidente. Il ne reste plus qu'un sous-ensemble, celui qui regroupe l'immense variété des spécimens normaux, il y est possible de trouver un exemplaire qui ose chercher avec doigté le contact en parlant de tout et n'importe quoi dans le but de sympathiser. Cependant l'environnement handicapant ralenti l'efficacité du contact, en effet, dès que le phénomène nous ayant entraîné dans ce lieu sauvage commence il est nécessaire de l'étudier avec minutie.

Deux modèles, d'une espèce sœur de celle des spécimens remplissant cette clairière, accomplissent un rituel peu vu en société : des ablutions réciproques. Pour qu'elles soient plus efficaces ils sont parés du minimum de vêtements requis et leur peau est préalablement préparée. La rite consiste en une série de répétitions consistant en : se servir et appliquer un produit nettoyant, faire mousser rapidement, rincer, les trois étapes sont exécutées sur soi et sur le partenaire. Le caractère rituel de l'activité est repérable lorsqu'on aperçoit la démarche mécanique voire contrainte des exécutants. Pour terminer le cérémonial, l'un voir les deux coéquipiers se délestent de leur tenue pour tenter, parfois maladroitement, d'afficher fièrement les attributs propres à leur genre. On pourrait conclure que cette coutume gagnerait en élégance et efficacité si les deux partenaires appartenaient à la même espèce des être pour qui elle est accomplie.

La qualité du rituel a rendu son étude peu intéressante, un retour vers la population autochtone était envisageable. Dans la dernière catégorie citée supra, un spécimen s'est révélé suffisamment intéressant pour souhaiter une étude interne, il avait réussi à présenter avec gaîté ses centres d'intérêt sans montrer une obsession particulière mais il a décliné poliment l'offre de l'étude sociobilogique sur lui, je ne saurais jamais ce qui le différenciait des exemplaires locaux.


28/09/2012

Fleuraison mystérieuse

Au fur et à mesure que le temps passe, les rêves apportés à l'arrivée s'amenuisent. On souhaite partir, tant pis pour l'envie, elle sera assouvie autrement. Au premier regard, on ne sais pas ce qui se passera, on envisage alors un entremet au lieu du dîner tant attendu. Il s'avère être simple, doux et cordial. Tout se passe bien, au point de vouloir partir sans goûter à la suite. Mais cette si sympathique mise en bouche déploie ses atouts laissant entrevoir une suite prometteuse. On hésite, les flatteries chassent le doute, on goûtera à la suite. Elle s'avère savoureuse, sensuelle, délicate et masculine. Dans la stupeur, le dessert tendre et câlin est servi au calme, il est si savoureux qu'on aspire à ne pas l'oublier, à ne pas le faire chasser par d'autres victuailles rapides et bâclées. Bel homme annonce la fin et joli garçon les délivre en promettant de faire attention.

 

27/03/2012

Evolution

Personne n’a pu échapper à l’évènement sportif de la semaine dernière d’il y a trois semaines ayant fait une entrée fulgurante dans la pédé-sphère. Certes son instigateur, Olivier Giroud, est quelqu’un d’affectueux, il fait ça –embrasser ses coéquipiers ?- souvent, mais n’en rajoutons pas ! Si, il faut en rajouter, parce que je veux voir dans ce geste de remerciement une certaine affection décomplexée, sans peur exacerbée du que dira-t-on.

Lors de son match en tant que titulaire contre l’équipe allemande, ce grand gaillard marque un but grâce à la passe décisive de son pair Mathieu Debuchy, l’émotion du moment le pousse à gratifier ce dernier en lui prenant la tête à deux mains et en déposant un baisé de reconnaissance sur la joue -certains angles de vue trompeurs auraient laisser penser qu’il a eu lieu sur la bouche... Illico l’image crée l’agitation, les analyses, les commentaires et l’explication de l’intéressé apparaissent sur la toile.

[Pause nécessaire à la réflexion d’un article si important : 3 semaines]

[Hasard nécessaire pour repérer un article dans le seul souplement du Monde que je n’ouvre jamais : infini]

[Utilité de réinventer la roue alors que quelqu’un d’autre, à qui on attribue tous le crédit, le fait mieux que moi : aucune]

Je reprends donc en intégralité l’article " On est footballeurs, on n'est pas des pédés " de Sophia Aram, paru dans le supplément Sport et Forme du journal le Monde du samedi 24 mars 2012, toutes les idées que je n’ai pas réussi à couché sur le papier l'écran y sont, sniff, sniff.

« J'aimerais revenir sur un événement qui a mis le football français sens dessus dessous. Un événement traumatique, cristallisant les angoisses et les peurs fantasmatiques de footballeurs dirigeants et commentateurs sportifs.

Voici l'histoire : mercredi 29 février, la France rencontrait l'Allemagne, la rencontre allait se terminer par une victoire de la France 2-0. Mais ce n'est pas là la seule surprise de cette soirée. Olivier Giroud, l'auteur du premier but, exalté par ce magnifique point qu'il venait de marquer, s'est précipité sur son camarade Mathieu Debuchy et l'a embrassé. Et la question c'est : où ?

Est-ce une accolade virile durant laquelle deux barbes de trois jours s'effleurent sans risque de déclencher la moindre érection ? Ce baiser s'est-il porté sur la joue pour marquer l'affection toujours virile qui a cours entre deux amis proches, deux frères, deux cousins ? Ou alors... Oh ! mon Dieu, non... Sur la bouche ? Serait-ce possible ? Un smack, un bisou, une pelle, un gadin ou une énorme galoche ? Mais dans ce cas auraient-ils mis la... langue ? Oh, mon Dieu !

De quoi ont-ils peur ?

Bien sûr, devant l'ampleur de l'émoi (je ne détaillerai pas) suscité par cette affaire dans la communauté footballistique, les intéressés se sont empressés de démentir. " C'était pas la bouche... ", " C'est la faute au cadrage ! " " J'ai pas mis la langue. " " J'ai une fiancée... " Blablablablabla.

Le problème, c'est qu'on s'en fout. Franchement, qu'ils se soient embrassés sur la bouche ou pas, que ce soit à la russe ou à la Freddie Mercury. On s'en fout. Personne n'est allé demander à Britney Spears et à Madonna de se justifier après qu'elles se furent roulé une pelle sur MTV. J'imagine même que les commentateurs choqués par le baiser du stade furent remplis de bienveillance envers le geste tendre mais néanmoins amical des deux chanteuses... En revanche, quand deux footballeurs s'embrassent, on repasse les ralentis, on commente et on attend un démenti du type : " On est footballeurs, on n'est pas des pédés ! "

Au passage, j'invite les journalistes ayant repassé la vidéo du baiser footballistique au ralenti plus d'une fois à s'outrer dans l'année ou à entreprendre une analyse. De quoi ont-ils peur ? Que l'hypothèse même que deux footballeurs puissent s'embrasser publiquement ébranle l'hétérosexualité fragile d'une communauté footballistique déjà adepte du maillot mouillé et des douches viriles ? Ou, pire, que l'effleurement des lèvres des deux joueurs suscite une tension au niveau de leurs flottants et qu'ils finissent par se rouler une pelle et faire leur petite affaire là, sur le gazon, devant des millions de téléspectateurs ébahis ?

Je me demande pourquoi la virilité des joueurs de foot est aussi fragile, aussi sensible. Pourquoi les footballeurs, plus que les autres, ont-ils besoin de se rassurer et de rassurer les autres sur leur hétérosexualité ? A quand une vraie campagne contre l'homophobie dans le milieu du foot ? Des photos de joueurs vedettes s'embrassant à pleine bouche avec pour slogan : " Le foot, c'est aussi un sport de pédés " ?

Et dire que, dans le même temps, on arrête le déferlement de blagues salaces à l'égard de Zahia en la sacrant icône de la mode, couronnée par Karl Lagerfeld en personne. »

 

17/02/2012

Onomatopées

Prélude

Bjoing, on se lève, clac, on referme la porte, clic, on tire sur la gâchette que plus tard pourrira nos nuits. Ding, on entend le tramway arriver, voum, il roule jusqu’à destination. Clic clac, le lit est fait, bouh, bouh je suis adossé à la porte, je ne sais pas où je mets les pieds. Plock, bunk, chaussures, kling, ceinture, boum, poum, manteau, pull, t-shirt, pantalon sont par terre. Bjoing, je m’assois, glm, je ne veux pas échapper, glou glou, j’entends, fschhh, je ressens, hummm, humm, han !, plonk, fschhh, humm, han ! Argh, han ! Slam, il est aux toilettes, j’attends. Mua, smak, on se repose, on se serre, on s’en dort. Zzz, zzz. Bip, bip, bip, slash, bip, bip, bip, mua, smak. Ding, j’entends le tramway arriver, voum, voum. Tic, tic, tic, tic, clic, gzzzt la gâchette se débloque, slash, la porte claque, clac ma porte s’ouvre, boum je tombe dans le lit, z z z, zzz, z z z, je pense à ce qui s’est passé, à ce qui se passera.

12:10 Publié dans Anecdote, Confession, Gay | Commentaires (2)

15/02/2012

Cube triangulaire

Un triangle rose, trois triangles rosesun cube en bêton. Trois symboles pour représenter la mémoire, pour ne pas oublier qu’à une époque dans ce même terres, le simple fait d’aimer un autre homme faisait de soi un animal de laboratoire ou dans le meilleurs des cas un déchet à détruire. En Rhénanie-du-Nord-Westphalie au pied de l’immense cathédrale gothique de sa capitale, il est perdu entre les passants se promenant lors des beaux jours sur les rives du Rhin, il faut le chercher et une fois trouvé, on peut être déçu qu’il soit si peu visible mais au moins il est là, il existe. Sur un des canaux débouchant d’une façon ou d’un autre sur l’Amstel, trois triangles plus ou moins enfoncés matérialisant le passé, le présent et l’avenir, il est plus difficile de ne pas le voir. Si la chance sourit au promeneur, il est même possible de voir quelqu’un se recueillir honorant la mémoire de ceux qui sont parti par le simple fait d’être né ainsi. Dans celle qui poétiquement pourrait être la terre des Ours, un cube de bêton, à la lisière d’un parc, projette une vidéo où l’amour entre les hommes est mis à l’honneur, il est un peu trop seul, un peu trop froid, peut-être comme les corps de ceux qui sont morts pour qu’il soit là.

16:36 Publié dans Gay, Voyage | Commentaires (0)