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02/02/2011

Rusalka interdite aux moins de 18 ans

Prague est un vrai décor de cinéma, ses ruelles, ses grandes avenues et son château surmontant sa colline ne laisseront mentir personne. Comme dans les films tout est possible, trouver les deux dernières places de première catégorie pour aller voir Rusalka, l’opéra national tchèque, la veille de la représentation du samedi affichant complet n’a pas été très difficile. Nous voici, deux touristes arrivés très tôt au spectacle, ce qui nous a permis d’admirer longuement la beauté du théâtre avant de débuter le concours « qui est le plus beau mec de la soirée » où nous étions, bien évidement, hors concours. Le russe bodybuildé qui est venu pour faire plaisir à sa conquête a trop de muscles, les garçons heureux en couple jouent un peut trop leur diva, le touriste anglo-saxon pourrait mieux s’habiller, on ne trouve personne, d’un coup au troisième balcon un magnifique jeune homme blond vénitien s’est penché pour scruter le parterre, son visage rond aux trait fins, sa coiffure d’écolier, son pull bordeaux sa chemise blanche et son pantalon sombre à pinces lui confèrent un air sage qui lui attribue les points supplémentaires pour gagner le trophée du plus beau mec de la soirée. Charmés par ce spectateur, nous remarquons que le spectacle allait commencer d’une minute à l’autre.

Rusalka, c’est l’histoire de la petite sirène version originale dramatique, habituellement il est joué avec une mise en scène empruntant les codes des contes de fées, ainsi il peut être vu et compris même par les enfants qui regorgeaient dans cette salle. Dès la levée du rideau l’absence de décor nous a surpris, seulement 3 petits bassins d’eau ouverts sur le plateau étaient visibles, image certaine du fond du fleuve où les ondines devaient se trouver. A l’apparition des premiers personnages nous sommes restés scotchés lorsque ces sirènes du nord vêtues de robes amples ont commencé à chanter et danser voluptueusement, se mouillant et glissant sur scène, la musique semblable à celle accompagnant les filles du Rhin chez Wagner a amplifié l’image sexuelle qu’elles renvoyaient. Puis est venue l’apparition de Rusalka, fille rebelle rêvant d’une vie ailleurs, avec elle l’air tristement pathétique de la Lune et un garçon décoratif seulement habillé d’un mini boxer couleur chair, j’avais l’impression que sa seule fonction était de charmer le publique sensibles aux larges épaules et aux abdominaux bien dessinés. Le spectacle a continué jusqu’à la fin du premier acte, envoûtés par la beauté de l’épuration du décor, par la gestuelle précise et efficace des acteur-chanteurs, nous nous sommes dirigés vers le foyer. A notre retour, une nouvelle surprise nous attendait à notre place, le strapontin à notre côté occupé antérieurement par l’ouvreuse accueille les belles fesses du « plus beau mec de la soirée », nous avons pu le dévisager longuement pour bien le conforter dans son titre. Maintenant, nous attendions tout au deuxième acte, l’apparition du ballet des noces ne nous a pas déçu, elles totalement couvertes par leurs tenues, eux portaient une veste dont le but était clairement de laisser apparaître et magnifier leur pectoraux et leur muscles abdominaux, doublement fascinés, la musique nous a conduit jusqu’au jubilations macabres d’une sorcière sans âme à la fin de cet acte. Le deuxième intermède nous a permis de réfléchir sur cette mise en avant permanente de l’anatomie masculine, mais troublés par la vue du vainqueur de notre concours, nous ne parvenons pas à trouver une théorie valable. Tout au long du dernier et troisième acte, nous attendions secrètement  un déroulement joyeux qui n’est pas arrivé heureusement. Prisonnière de ses choix, Rusalka échoue son mariage et doit en affronter les conséquences, vivre seule et froide loin de son prince charmant et de sa famille qui ne peut plus l’aimer.

Postface : j’ai appris que dernièrement l’opéra d’Athènes et de Nice ont créé un version de Rusalka où le prince est ouvertement homosexuel et elle est l’incarnation des désirs homosexuels du prince, peut être cette mise en scène pragoise devait être lue depuis cette perspective…




16:48 Publié dans Anecdote, Gay, Opéra, Voyage | Commentaires (0)

19/01/2011

Le triptyque

Il n’avait pas été joué depuis des années dans son intégralité, on en extrayait toujours le tiers le plus connu sans se soucier de la cohérence, certainement à cause de cet air si connu, o babbino caro, qui m’a paru un peu comme un cheveu tombé dans la soupe. Dans cette soirée, la nostalgie de la vie parisienne dans une péniche chantée par une femme adultère m’a entraîné dans une tristesse que je vivrais certainement le jour où la capitale sera loin de moi. Le décor kitschissime du deuxième volet dévoilait le sort de cette bonne sœur qui en m’embarquant avec sa voix dans une impulsion de désarroi se donne la mort et se prive pendant quelques instants d’une vie éternelle à côté de son fils. Dans ce contexte sombre, la comédie de fin de soirée aurait bien été séparée pour nous laisser plonger tranquillement dans les abîmes noirs du mal-être.

12:07 Publié dans Anecdote, Opéra | Commentaires (0)

07/01/2011

L’ange aux ailes rouges

Ne connaissant pas Mathis le peintre, ma décision d’aller voir cet opéra s’est faite sur les deux têtes d’affiche que j’avais entendu dans un magnifique concert de lieds au piano en été, j’avais été envoûté par la qualité du chant du baryton qui puisait des nuances pouvant aller de la noirceur profonde à la clarté totale. Je m’étais donc dit qu’au pire des cas, il s’agirait d’un très bon concert. Honte à moi d’avoir ainsi pensé ! Tout le monde a adoré la mise en scène et mes yeux ses sont autant régalé que mon ouie. J’ai retrouvé exactement ce que je suis allé chercher, des nuances et des timbres de voix me faisant sentir et ressentir des émotions. Parallèlement, je ne pourrais jamais être contre ces mises en scène qui se débrouillent pour mettre en valeur le corps des beaux hommes qui sont à leur disposition à croire que la communauté des gens appréciant les beaux garçons a la main mise. Dans ce cas, un homme beau brun torse nu, vêtu d’un pantalon noir et d’une paire d’ailes rouges a orné plusieurs fois la scène détournant mon attention, fort heureusement, ces apparitions étaient justifiés et compréhensibles, ce qui n’est pas toujours le cas… ah oui, il y avait aussi la vue par transparence du Christ qui s’habille et déshabille, pourquoi pas.

11:58 Publié dans Anecdote, Opéra | Commentaires (0)

01/01/2011

Souvenirs croisés

Il faisait frais, après avoir laissé la voiture en lisière du bois, nous avons marché dans l’allée menant au bord du lac pendant que le soleil déclinait. Les rangées de chaises et de gradins se trouvaient sur la rive, la scène comportait donc un lac naturel, un îlot, des arbres dont un saule pleureur à droite et des vrais cygnes se promenant sur le lac. De la tombée de la nuit, la musique se lance, dans mes yeux d’enfant, le prince Siegfried monte sûrement un cheval blanc qui le fait découvrir l’ensemble des danseuses-cygne, elles dansaient pour mettre en valeur le travail de la princesse condamné à devenir un cygne blanc le jour. Malgré cette malédiction, ils tombent amoureux l’un de l’autre. Dans l’histoire, le lendemain, lors d’une fête, le prince se fait tenter par une méchante danseuse habillée en noir. Mais grâce à l’amour pur et véridique envers le cygne rencontré la veille, la méchante fille en noir part en fumée avec le sorcier méchant déguisé en saule qu’avait ensorcelé la gentille danseuse en blanc.

Près de vingt ans plus tard, une soirée froide de réveillon du Nouvel an, nous a conduit à nos places de l’Opéra Bastille, la vue était imprenable sur le plateau et l’orchestre, la distance était parfaite pour apprécier les tableaux dans leur ensemble. Avec mes yeux de garçon sensible, la délicatesse des gestes, l’agilité des pas et la dextérité des mouvements des danseuses étaient aussi belles que la force, le tonus et l’énergie implantée aux pas de danse par les danseurs. La beauté moulante des cuisses et des fesses de ces derniers me faisait tourner la tête au rythme des mythiques fouettés d’Odette. Je savais que l’histoire différait de celle vu des années auparavant, quelle joie j’ai pu ressentir lorsque j’ai vu la place réservée au magicien-précepteur, homme d’une beauté sans égale dansant ce qui fût à mon goût les moments les plus beaux de ce rêve noire dans lequel s’est transformé Le Lac des Cygnes.

 

Bonnée année 2011!

12:00 Publié dans Anecdote, Opéra | Commentaires (0)

13/12/2010

L’anneau du Nibelung, 1ère journée, La Walkyrie, 2/4

Vite !  La scène prend feu! J’ai peur ! La séance n’aura pas lieu ! Remboursement ! Dès mon entrée dans la sale un petit foyer brûlait entre l’orchestre et le rideau, les pompiers n’arriveront pas, le feu fait partie de la décoration, de même que l’eau qui a coulé pour emmener le printemps avec ses amours incestueuses et ses pommes de vie. Tout le monde attend, la début de l’acte III pour entendre « la » chevauché, les néophytes le confondent avec le début du deuxième acte, mein Gott ! Dans cette mise en scène pendant que l’orchestre joue seule, une explication sur la nature du travail des Walkyries est projeté, dès que le chœur débute, c’est beaucoup moins classique, les corps des héros morts au combat gisent nus et ensanglantés sur la scène, leur âmes sont ressuscitées à tour de rôle par l’une au l’autre de ces guerrières germaniques habillés en infirmières à talons et conduits au Walhalla où quelqu’un devra les habiller sinon, ils prendront froid. Après avoir satisfait les oreilles et m’être rincé les yeux, j’ai patienté, non seulement l’immolation par le feu de l’enfant Brünnhilde qui perd le sommeil. J’ai attendu les deux moments les plus magiques de cet opéra, Sieglinde ne demande qu’à mourir, son morale est aux antipodes des aigus des Waltraute, jusqu’au moment où sa demi-sœur Brünnhilde lui annonce qu’elle est enceinte de leur frère. A ce moment, elle est saisie d’un violent effroi, son visage rayonne d’une joie sublime, l’adrénaline et l’amour pour son enfant, la poussent à demander aux Walkyries de l’aider, d’aider la mère, Rette mich, Maid! Rette die Mutter! Sa voix et la musique me transportent exactement au moment où son corps se remplie désespérément de l’envie de vivre. 50 lignes de dialogues plus loin, le sort de cette mère est sauvé –celui des dieux est donc compromis-, elle doit remercier sa protectrice, dans une vague de joie portée par la musique, comme celle qu’on n’a pas entendu depuis 4h30, un O hehrstes Wunder’ Herrliche Maid ! me noie et m’emporte dans son allégresse. L’appréhension que j’éprouvais avant en me disant « va-t-elle réussir à me transmettre la joie » s’estompe, elle l’a fait, je suis aux anges, tout s’est bien passé, je peux partir 50 minutes plus tard.

La suite, c'est pas tout de suite

Des images, Le prélude

12:11 Publié dans Anecdote, Opéra | Commentaires (0)